Une équipe de chercheurs du laboratoire de nutrition et microbiome au Centre de recherche du CHUM ont publié deux récents articles scientifiques qui apportent une meilleure compréhension de la relation complexe entre la nutrition et les bactéries favorisant le développement du cancer colorectal.

Les patients atteints de cancer colorectal présentent une augmentation des agents pathogènes dans leur microbiote intestinal, tels que la bactérie polykétide synthase-positives (pks+), qui peut produire une génotoxine induisant des cassures de l’ADN et des mutations. Ce sont ces mutations qui augmentent les chances de développer le cancer colorectal.

Manon Oliero, étudiante au doctorat et première auteure de ces articles, ainsi que ses collègues, dont la chercheuse membre de l’Institut, Manuela Santos, ont d’abord analysé les échantillons fécaux de plus de 150 personnes : le premier groupe atteint du cancer colorectal et le deuxième composé de personnes saines. 

Les résultats ont surpris le groupe de chercheurs : 46 % des personnes atteintes du cancer colorectal étaient colonisées par des bactéries pks+ et 42 % des échantillons issus de personnes saines l’étaient également. Ces taux similaires ont suscité d’autres questionnements quant aux façons de contrôler la croissance de ces bactéries et la sécrétion de la toxine responsable des mutations. 

Comme d’autres facteurs entrent en jeu dans le développement du cancer tels que l’environnement et la diète, les scientifiques se sont penchés sur le rôle de l’inuline, une fibre alimentaire présente dans les compléments alimentaires, qui pourrait contrôler la croissance de bactéries productrices de génotoxine. 

Suite à une étude effectuée sur un modèle animal, Oliero, Santos et le groupe de scientifiques ont constaté que malgré les effets bénéfiques de l’inuline, dans certaines circonstances, comme c’est le cas lors d’une colonisation par une bactérie pks+, les effets peuvent être délétères. En d’autres mots, les chercheurs ont remarqué que le prébiotique avait pour effet d’augmenter l’expansion de la bactérie et pour conséquence d’accélérer le développement du cancer colorectal dans le modèle murin. 

Il est important de rappeler que la composition microbienne de l’intestin est différente pour chaque humain. Ainsi, il est normal que le régime alimentaire varie selon les besoins de chaque personne. Toutefois, ces articles scientifiques soulèvent certains questionnements quant à la consommation de certains compléments alimentaires pour pallier une alimentation déséquilibrée ainsi que la vente non réglementée de ceux-ci.

Pour lire l’article Prevalence of pks+bacteria and enterotoxigenic Bacteroides fragilis in patients with colorectal cancer publié dans Gut Pathogens, rendez-vous ici.

Pour lire l’article Inulin impacts tumorigenesis promotion by colibactin-producing Escherichia coli in ApcMin/+ mice publié dans Frontiers in Microbiology, cliquez ici.